CITATIONS LITTERAIRES :Nous citerons !! (non, pas le fruit.)

Je me rends compte que mes (trop) nombreuses interventions sur un sujet que j'ai activement contribué à détourner vers une réflexion philosophique sur la taille des attributs virils des sympathiques membres (ahem) de ce forum... enfin bref, je me rends compte que tout ça me fait passer, auprès de gens que je ne connais pas, pour une excitée superficielle toujours prête à glousser (bon j'avoue le dernier qualificatif n'est pas entièrement faux...)


Tout ça pour dire que, autant pour me racheter que pour montrer qu'il m'arrive aussi, parfois, de me servir de mon cerveau, je vous copie ici un extrait d’un poème de Saint John Perse. Non pas (uniquement) parce que je le trouve aussi beau qu'incompréhensible, mais aussi parce que c’est ce que je viens de terminer de réviser aujourd’hui, et je peux vous jurer que ça fait du bien quand ça s’arrête! Moralité, Saint John Perse, c’est bien écrit, mais ça se lit mal.
Voici le bestiau, behold:

Citation :

«C’étaient de très grandes forces en croissance sur toutes pistes de ce monde, et qui prenaient source plus haut qu’en nos chants, en lieu d’insulte et de discorde;
Qui se donnaient licence par le monde – ô monde entier des choses – et qui vivaient aux crêtes du futur comme aux versants de glaise du potier…
Au chant des hautes narrations du large, elles promenaient leur goût d’enchères, de faillites; elles disposaient, sur toutes grèves, des grands désastres intellectuels,
Et sur les pas précipités du soir, parmi les pires désordres de l’esprit, elles instituaient un nouveau style de grandeur où se haussaient nos actes à venir;
Ou disputant, aux îles lointaines, des chances du divin, elles élevaient sur les hauteurs une querelle d’Esséniens où nous n’avions accès…

[…]

Achève, Narrateur !… Elles sifflaient aux portes des Curies. Elles couchaient les dieux de pierre sur leur face, le baptistère sous l’ortie, et sous la jungle le Bayon.
Elles libéraient la source sous la ronce et le pavé des Rois – dans les patios des Cours de Comptes et dans les Jeux de Paume, dans les ruelles jonchées d’estampes, d’incunables et de lettres de femmes.
Elles épousaient toute colère de la pierre et toute querelle de la flamme; avec la foule s’engouffraient dans les grands songes bénévoles, et jusqu’aux Cirques des faubourgs, pour l’explosion de la plus haute tente et son échevèlement de fille, de Ménade, dans un envol de toiles et d’agrès…
Elles s’en allaient où vont les hommes sans naissance et les cadets sans majorat, avec les filles de licence et les filles d’Église, sur les Mers catholiques couleur de casques, de rapières et de vieilles châsses à reliques,

[…]

Ainsi croissantes et sifflantes, elles tenaient ce chant très pur où nul n’a connaissance.
Et quand elles eurent démêlé des œuvres mortes les vivantes, et du meilleur l’insigne,
Voici qu’elles nous rafraîchissaient d’un songe de promesses, et qu’elles éveillaient pour nous, sur leurs couches soyeuses,
Comme prêtresses au sommeil et filles d’ailes dans leur mue, ah! comme nymphes en nymphose parmi les rites d’abeillage – lingeries d’ailes dans leur gaine et faisceaux d’ailes au carquois –
Les écritures nouvelles encloses dans les grands schistes à venir…

Ô fraîcheur dans la nuit où fille d’aile se fit l’aube: à la plus haute cime du péril, au plus haut front
De feuilles et de frondes!… «Enchante-moi, promesse, jusqu’à l’oubli du songe d’être né…»
Et comme celui qui a morigéné les Rois, j’écouterai monter en moi l’autorité du songe.
Ivre, plus ivre, disais-tu, d’avoir renié l’ivresse… Ivre, plus ivre, d’habiter
La mésintelligence.»


Saint John Perse, Vents, I, 3 (1945-1946)

EDIT: en raison de debordements eventuels provoques par un certain artiste apte a mettre un couchant en valeur (), ma remarque a ete auto-censuree pour preserver la purete de ce sujet!

comprend pas le balgue du string

J'ai eut la chance et le bonheur de le découvrir par moi-même, sans analyses fastidieuses, ni tortures psychiques scolaires ou mises à la question universitaires.
Que Dieu, il faut être fou pour vouloir analyser ou comprendre tout poème de manière rationnelle et cartésienne !!!!! J'ai été parfois dégoûté de certains poètes que j'ai trouvé à postériori splendides pour cela.
Pour moi, certains poètes devraient se lire avant tout par l'âme et non par l'esprit afin d'être appréciés (quitte à les analyser ensuite). Désolé pour cette réflexion, mais je devais le dire. C'était plus fort que moi .

"... Eâ, dieu de l'abîme, les tentations du doute seraient promptes
   Où vient à défaillir le Vent... Mais la brûlure de l'âme est la plus forte,
   Et contre le sollicitations du doute, les exactions de l'âme sur la chair
   Nous tiennent hors d'haleine, et l'aile du Vent soit avec nous !
 
   Car au croisement des fiers attelages du malheur, pour tenir à son comble la plénitude de ce chant,
   Ce n'est pas trop, Maître du chant, de tout ce bruit de l'âme -
   Comme au grand jeu des timbres, entre le bol de bronze et les grands disques frémissants,
   La teneur à son comble des grands essaims sauvages de l'amour.
 
   "Je t'ai pesé, poète, et t'ai trouvé de peu de poids.
   "Je t'ai louée, grandeur, et tu n'as point d'assise qui ne faille.
   "L'odeur de forges mortes au matin empuantit les antres du génie.
   "Les dieux lisibles désertaient la cendre de nos jours. Et l'amour sanglotait sur nos couches nocturnes.
   "Ta main prompte, César, ne force au nid qu'une aile dérisoire.
 
   "Couronne-toi, jeunesse, d'une feuille plus aiguë !
   "Le Vent frappe à ta porte comme un Maître de camp,
   "A ta porte timbrée du gantelet de fer.
   "Et toi, douceur, qui vas mourir, couvre-toi la face de ta toge
   "Et du parfum terrestre de nos mains..."
 
   Le Vent s'accroisse sur nos grèves et sur la terre calcinée de nos songes !
   Les hommes en foule sont passés sur la route des hommes,
   Allant où vont les hommes, à leur tombes. Et c'est au bruit
   Des hautes narrations du large, sur ce sillage encore de splendeur vers l'Ouest, parmi la feuille noire et les glaives du soir...
   Et moi j'ai dit : N'ouvre pas ton lit à la tristesse. Les dieux s'assemblent sur les sources,
   Et c'est murmure encore de prodiges parmi les hautes narrations du large.
 
   Comme on buvait aux fleuves incessants, hommes et bêtes confondus à l'avant-garde des convois,
   Comme on tenait au feu des forges en plein air le long cri du métal sur son lit de luxure.
   Je mènerai au lit du vent l'hydre vivace de ma force, je fréquenterai le lit du vent comme un vivier de force et de croissance.
   Les dieux qui marchent dans le vent susciteront encore sur nos pas les accidents extraordinaires.
 
   Et le poète encore est avec nous. Et c'est montée de choses incessantes dans les conseils du ciel en Ouest.
   Un ordre de solennités nouvelles se compose au plus haut faîte de l'instant.
   Et par là-bas mûrissent en ouest les purs ferments d'une ombre prénatale - fraîcheur et gage de fraîcheur,
   Et tout cela qu'un homme entend aux approches du soir, et dans les grandes cérémonies majeures où coule le sang d'un cheval noir...
 
   S'en aller ! s'en aller ! Parole de vivant"

Oui j'apprécie ce poète, au cas où vous l'auriez pas deviné

Siegfried Von Winkelried a écrit:

comprend pas le balgue du string

C'est dans les Bronzes (le premier): Clavier va se baigner, (de)vetu d'un string ignoble, et il recite du SJP... la-dessus, je ne sais plus qui lui demande s'il faut etre en string pour citer SJP, et Clavier repond, imperturbable: "Ca aide."

Azur ! nos bêtes sont bondées d'un cri !
Je m'éveille, songeant au fruit noir de l'Anibe dans sa cupule verruqueuse
et tronquée... Ah bien ! les crabes ont dévoré tout un arbre à fruits mous.
Un autre est plein de cicatrices, ses fleurs poussaient, succulentes, au tronc.
Et un autre, on ne peut le toucher de la main, comme on prend à témoin, sans qu'il pleure aussitôt de ces mouches, couleurs !...
Les fourmis courent en deux sens.
Des femmes rient toutes seules dans les abutilons, ces fleurs jaunes-tachées-de-noir-pourpre-à-la-base que l'on emploie dans la diarrhée des bêtes à cornes...
Et le sexe sent bon.
La sueur s'ouvre un chemin frais.
Un homme seul mettrait son nez dans le pli de son bras.
Ces rives gonflent, s'écroulent sous des couches d'insectes aux noces saugrenues. La rame a bourgeonné dans la main du rameur.
Un chien vivant au bout d'un croc est le meilleur appât pour le requin...
- Je m'éveille songeant au fruit noir de l'Anibe; à des fleurs en paquets sous l'aisselle des feuilles.

Merci de me l'avoir rappelé

Siegfried Von Winkelried a écrit:

Que Dieu, il faut être fou pour vouloir analyser ou comprendre tout poème de manière rationnelle et cartésienne !!!!! J'ai été parfois dégoûté de certains poètes que j'ai trouvé à postériori splendides pour cela.
Pour moi, certains poètes devraient se lire avant tout par l'âme et non par l'esprit afin d'être appréciés (quitte à les analyser ensuite).

c'est pas faux, mais dans mon cas, je dois dire que j'aurais eu du mal a apprecier vraiment Saint John Perse sans la lecture qu'en a publiee Henriette Levillain (dans "Les cahiers de la NRF", chez Gallimard). Elle m'a sauve la vie, cette femme, louee soit-elle! Je dis pas que maintenant je comprends, hein, n'exagerons rien... mais au moins maintenant je vois vaguement en quoi consiste le talent du ptit pere Alexis (alors qu'avant j'etais persuadee qu'il composait ses poemes en tirant au sort des mots du Dictionnaire des 3500 mots les moins usites de la Langue Francaise)

Vous allez être déçus, ceci n'est pas un poste hautement intellectuel et littéraire. Je me demandais juste comment Perec a pu concilier le fait d'avoir eu une idée extrêmement originale (écrire un livre entier sans se servir de la lettre E, à moins d’avoir pété la touche de sa machine à écrire, fallait y penser!) et, finalement, de devoir casser tout le concept en signant: Perec. À sa place, je l'aurais mal vécu...


Voilà, c’était Camille Guerezenn, en direct de son cerveau.

Merci, et au revoir d’être venus.

Je pense que c'était justement pour "casser" l'ambiance... Juste en signant, en terminant le travail, il faisait un clin d'oeil... Enfin c'est ce que je pense..

P'têtre aussi qu'il était tellement fier de son oeuvre qu'il a voulu qu'on sache que c'était lui. Et qu'il pouvait pas changer de nom quand même.

Ou qu'il s'est dit: p'têtre que des piratesses dévergondées parleront plus tard du paradoxe inhérent dans le fait d'écrire tout un livre sans utiliser une seule fois la lettre E et de le terminer en signant pErEc.

Que dire. Y'a tellement d'possibilités. Pour pas prendre de chance, t'aurais dû mettre ça dans le sujet des OVNI

Et en plus il a poussé le vice a écrire un autre livre avec la seule voyelle -e-, Les revenentes, tout en le signant Perec...Que des e dans la signature aussi...Escroc

De toute manière, les "écrivains" dans son genre sont obsessionnels, masturbatoires et surtout imbus de leur personne....donc l'ego prendra finalement le pas sur l'obsession-démarche (l'ira pas jusqu'au bout de la démarche..pas au point de tronquer son nom)....tronquer son nom aurait atteint directement à son ego puisqu'à la possibilité de reconnaissance*

Tiens, si ça t'intéresse, j'ai une bonne amie sur Paris qui fait son mémoire sur Perec et ses sbires.....



*sans compter les emmerdes, plus pragmatiques, pour toucher les droits d'auteur....y'a pas marqué G.org. P.r.c sur sa carte d'identité-RIB

Francois Lespinasse a écrit:

De toute manière, les "écrivains" dans son genre sont obsessionnels, masturbatoires et surtout imbus de leur personne....donc l'ego prendra finalement le pas sur l'obsession-démarche (l'ira pas jusqu'au bout de la démarche..pas au point de tronquer son nom)....tronquer son nom aurait atteint directement à son ego puisqu'à la possibilité de reconnaissance*

Je me souviens que je t'aime, mon Fanchou ! Je me souviens qu'il me faut te demander quelque chose... Veux-tu bien qu'on s'fasse une scène à la BenHur, tous les deux ? Je me souviens que cela nous aurait permis de flater nos Egos respectifs...

Je propose de continuer ce Post rien qu'avec des "Je me souviens"...

Camille Guerezenn a écrit:

(alors qu'avant j'etais persuadee qu'il composait ses poemes en tirant au sort des mots du Dictionnaire des 3500 mots les moins usites de la Langue Francaise)

Arg ! Camille ! Tu viens de faire chuter une de mes illusions ! Moi aussi je croyais qu'il faisait comme ça Saint John ! J'vais devoir revoir tous mes repères, moi, maintenant...

Oyez, oyez !
Déposez ici vos vers, traits d'esprit ou citations diverses et (a)variées !!

Une pour commencer, car j'ai vu des blogs où des jeunes filles factices se prenaient pour des sur-femmes starlettes immortelles.. Bref. message universel :

" Egoîstes ! Vous vous croyez fort haut ? Fort interessant, aussi ? Moi je me sais bas, et je m'y plais. De la-haut l'on y voit pas grand chose, finalement. N'est-ce point ?
Mon message tient en un mot.
Point difficile à retenir :

Redescendez..."

une phrase tirée d'un JdR, je l'ai beaucoup aimée pour son double sens unique :

"Soyez différents, faites comme tout le monde!"

"Ni dieu, Ni maître....mais une maîtresse j'dis pas non !"

Celle-là elle est de Saint-Fanchou des Caraïbes (se citer est un peu prétentieux mais bon...)

Citation de Sultan, joueur de Corsaires. J'adore:

"la gloire et l'honneur seront ma seul voie.
mais pour 1 000 000 de piastres je me met a votre service"

Bah, non, Fanchou, tu fais que reprendre la bonne maxime de ce vieux camarade de Shaw:
"Je me cite souvent moi-même. Cela ajoute du piquant à la conversation."

(Je profite du sujet pour tester la véracité de cette citation :

Dixit les Maréchaux : "Nous avons vaincu la mère des batailles..."

Vrai ? N'était-ce point un combat sans répit ? Sans fin ?...
)

Si dans cette bataille, vous perdez courage, voici une petite citation qui tombe à point nommé :

"Aussi haut que l'on soit plaçé, on est jamais assis que sur son cul."

Montaigne




(Foutredieu ! Ils ne sont pas invincibles !!)

qui avale une noix de coco fait confiance a son anus
et pour la vérifier demandez au maréchaux

Ont-ils vraiment dit cela?

Si c'est le cas, ils descendent bien bas dans mon estime alors. Fuir de port et éviter le combat n'est pas pour moi la preuve d'une victoire!
Enfin, on cherche à se consoler comme on peut.

"les cons, ca ose tout; c'est d'ailleurs a ca qu'on les reconnait" (Audiard, Les Tontons Flingueurs... tout rapport avec une quelconque idee proposee tout recemment est une pure coincidence )

"Je préfère les salauds aux cons, les salauds eux, au moins, se reposent."
On dirait du Audiard mais c'est attribué au général Bigeard.

"Aimer sans foutre, c'est peu, foutre sans aimer, ce n'est rien."
Celle-là est de La Fontaine !